Le couperet est tombé. Il n’y aura ni ministère ni secrétariat d’Etat aux ainés mais aucun commentateur ne l’a évoqué ou même réalisé. Il est vrai que le vieillissement de la population est anecdotique : en 2050, un français sur trois auras plus de 60 ans et le nombre de personnes âgées de plus de 85 ans a quasiment doublé depuis 2005.
La chaleur écrasante que nous subissons actuellement aurait dû nous rappeler la canicule de 2003 qui nous avait fait prendre conscience à l’époque que nous avions un vrai problème dans l’accompagnement de nos anciens. L’isolement est toujours là, l’indifférence aussi.
Bien sûr, il y a eu des évolutions positives : La mobilisation nationale de lutte contre l’isolement des âgés (MONALISA) démontre un vrai engagement de nos concitoyens et la loi d’adaptation de la société au vieillissement a fini par accoucher dans une indifférence quasi générale.
C’est vrai, le vieillissement nous fait peur. Personne ne veut vraiment y penser et pourtant vieillir est la meilleure chose qui puisse nous arriver en tant qu’homme. Cependant, le vieillissement nous renvoie, c’est indéniable, à la maladie et à la mort.
La plupart des politiques publiques sur le vieillissement sont d’ailleurs centrées sur le sanitaire et l’accompagnement de la fin de vie et les quelques messages véhiculés par les médias sont rarement positifs. L’âgisme constitue d’ailleurs le 3ème type de discrimination en France après le racisme et le sexisme. En clair, il y a d’autres priorités mais il est plus simple de faire l’autruche.
Nous devons changer de point de vue, de prisme.
Non, la majorité des vieux ne sont pas dépendants ; à 80 ans seulement 20% sont fortement dépendants.
Non, les retraités ne sont pas inactifs ; au contraire, leur rôle est indispensable dans les associations et dans la société en général.
Non, nos politiques ne sont pas adaptées, car notre approche est beaucoup trop sectorielle et manque de transversalité. Pourquoi n’intègre-t-on une fois pour toute le vieillissement dans l’ensemble des politiques publiques ?
Non, le « bien vieillir » ne sera pas possible de partout. Certains territoires constituent des pièges pour les habitants confrontés à la désertification médicale et à l’impossibilité de vendre leur bien car personne ne se porte acquéreur. Il y a bien la France des villes et la France des champs oubliée et en déshérence.
Non, les vieux ne sont pas inutiles. Leur rôle social et même sociétal constitue l’un des piliers de notre fraternité.
Alors oui, il est urgent d’agir et de manière globale.
Finalement, l’absence d’un ministère dédié n’est peut-être pas une mauvaise chose. L’approche aurait été trop sectorielle ou trop orientée santé.
La prise en compte et l’accompagnement de cette transition démographique que nous vivons est un enjeu fondamentalement de développement durable et d’aménagement du territoire. Les conséquences sont immenses dans les transports, l’habitat, l’urbanisme. Il est temps d’agir et Il est indispensable de nommer un délégué interministériel à la transition démographique pour relever ce défi unique que nous ne voulons pas voir